vendredi 30 août 2013

RADIOHEAD

10 Songs

Radiohead



1.Let Down (1997, OK Computer)
Pour beaucoup de monde, OK Computer est le meilleur album jamais réalisé par Radiohead. Pour quelques uns, celui-ci représente même le meilleur album de toute l'histoire du rock. Et si je n'irais pas jusqu'à porter ce disque vers cette glorieuse et enviée extrémité, force m'est de reconnaître la qualité exceptionnelle de l'objet. Rien d'étonnant donc à retrouver l'une des pistes de cet album révéré en première position de ce classement (ainsi qu'en deuxième position comme vous pourrez le constater). En revanche, le choix de "Let Down" pourra en surprendre plus d'un ; beaucoup lui préféreront sans doute les plus réputés "Paranoid Android", "No Surprises" ou encore "Karma Police", et personne ne leur en voudra, et moi non plus d'ailleurs (parce que je suis gentil). Néanmoins, si elle n'est pas la piste la plus connue du disque, "Let Down" n'en demeure pas moins l'un des titres les plus intenses et lyriques de tout le répertoire de la formation d'Oxford. Par son enchevêtrement savant de guitares luxuriantes très "byrdsien" et le chant habité de Thom Yorke, la chanson nous projette dans un maelstrom émotionnel de cinq minutes dont le final majestueux procurera immanquablement une irrésistible bouffée de frissons à l'auditeur.

2.Paranoid Android (1997, OK Computer)
"Paranoid Android" est probablement la chanson la plus communément appréciée de Radiohead, du moins parmi les personnes connaissant un minimum les albums du groupe ; les autres ayant sans doute un penchant pour l'ultra-connu "Creep". A la manière de "Happiness Is a Warm Gun" des Beatles et de "Bohemian Rhapsody" de Queen dont le groupe avoue s'être inspiré, la chanson est en fait un agrégat de plusieurs courts morceaux non finis, mis bout à bout dans le but de donner un effet schizophrénique et erratique au morceau ; le groupe y alternant rock nerveux et ballade contemplative en un tournemain. "Paranoid Android" contient également l'un des meilleurs solos de Jonny Greenwood, dont les effets étranges de court-circuits renforcent le côté oppressant et robotique qui baigne tout l'album OK Computer. Pour faire clair, "Paranoid Android" est un morceau puissant et bipolaire dans lequel la mélancolie et la noirceur lyrique l'emportent afin de créer l'une des meilleurs chansons des années 90. Une véritable névrose symphonique de poche.

3.Creep (1993, Pablo Honey)
Les membres de Radiohead, et en particulier Thom Yorke, entretiennent une histoire d'amour-haine avec ce tube qui les aura mis en orbite et les aura fait connaître du monde entier. La chanson complète ainsi la playlist extraordinaire et paradoxale des chansons géniales totalement reniées par leurs propres géniteurs et peut trôner fièrement aux côtés de "Stairway To Heaven" ou encore "Smells Like Teen Spirit", deux des exemples les plus fameux de reniement musical. Deux raisons peuvent expliquer ce désamour envers le titre. Elles ont toutes les deux rapport avec le catalogage dont sont friands les médias et le grand public ; mais moins les artistes. En effet, suite au succès insolent de "Creep", le groupe fut rapidement admis parmi la vague de formations interprétant des chansons dont le sujet central était la honte et le dégoût de soi. Cela a toujours passablement emmerdé Thom Yorke, qui quelques mois plus tard ne se reconnaissait déjà plus dans les paroles misérabilistes du morceau. Deuxièmement, le groupe se sentit rapidement prisonnier et écrasé par le poids monumental du tube ; la maison de disque intimant à celui-ci de produire autant de clones de "Creep" qu'il leur était possible de faire, mettant par la même occasion sous l'éteignoir toute velléité créatrice du groupe. L’expérience se révéla à ce point traumatisante que celui-ci décida par la suite de ne plus jamais interpréter le morceau lors de leurs concerts. Une résolution dont le groupe ne s'écarte qu'à de rares occasions.


4.Weird Fishes/Arpeggi (2007, In Rainbows)
Déjà sur "The Bends", le deuxième effort du groupe, Thom Yorke avait chanté sur le thème des profondeurs et plus particulièrement de la maladie nommée "mal du caisson". Comme pour faire écho, le groupe succombe une dizaine d'années plus tard une seconde fois à l'irrésistible appel des abîmes. Cette fois-ci il n'est plus question de malaise des profondeurs mais plutôt de son ivresse, ce curieux phénomène qui frappe d'euphorie et de bien-être les téméraires aventuriers des abysses. Cela se passe sur In Rainbows, album haut en couleurs qui marqua le retour magistral de la formation par une habile alchimie entre la sensibilité pop-rock des débuts et les expérimentations électroniques de la période Kid A/Amnesiac. Les superpositions de lignes de guitares claires conférant un effet miroitant et aquatique au morceau, ainsi que le lyrisme de celui-ci ne sont d'ailleurs pas sans rappeler les meilleurs moments de OK Computer, et en particulier de "Let Down".  

5.Motion Picture Soundtrack (2000, Kid A)
Pour un grand nombre de personnes, la sortie et l'écoute de Kid A fut un choc. Opérant un virage à 180° aussi audacieux qu'inattendu, le groupe semblait résolument décidé à faire table rase du passé en tournant définitivement le dos à tout ce qui avait fait la gloire et le succès de la formation, notamment après la consécration de OK Computer survenue trois ans plus tôt. Pour arriver à ses fins le groupe délaissa quasiment complètement les guitares pour les remplacer par des nappes synthétiques et des sonorités crées sur ordinateur. Le résultat fut sidérant et difficile à percer de prime abord. Mais le disque se laissait finalement apprivoiser au prix de nombreuses écoutes, laissant sur l'auditeur l'empreinte d'un rêve fugace et pas très joyeux, mais pas non plus totalement triste. Dernière piste de l'album, "Motion Picture Soundtrack" clôt de manière grandiose ce spleen électronique, comme une sorte de requiem, à la fois douloureux et apaisant.

6.Pyramid Song (2001, Amnesiac)
Sorti tout juste un an après l'iconoclaste Kid A, Amnesiac fait à juste titre figure de petit frère de ce dernier dans la discographie du quintette d'Oxford. Une sorte de Kid B. La plupart des chansons figurant sur l'album furent d'ailleurs enregistrées durant les sessions ayant abouti à Kid A, mais furent par la suite mises de côté car elles ne cadraient pas avec la "couleur sonore" de celui-ci. A l’écoute de ces chansons, et en particulier de "Pyramid Song", "Knives Out" ou encore "Like Spinning Plates", on se dit qu'Amnesiac n'a vraiment rien à envier à son illustre prédécesseur d'un point de vue composition, et qu'il aurait été bien dommage de se priver de telles splendeurs pour une histoire d'harmonie sonore. 

7.Reckoner (2007, In Rainbows)
Quelques six années après la sortie digitale de In Rainbows, il semblerait bien que ce soit "Reckoner" qui ait le mieux réussi à tirer son épingle du jeu de tout l'album. On ne compte en effet plus le nombre de publicités, de reportages ou de documentaires ayant utilisé le fameux morceau en toile de fond de leur travail. Il faut dire que le titre possède, au même titre qu'un "Knives Out" par exemple, un attrait immédiat dû en partie à la parfaite alchimie entre le versant pop et le versant underground et expérimental de la musique de Radiohead, mais aussi un riff d'introduction aussi simple qu'envoûtant.

8.There There (2003, Hail To The Thief)
Ce fut avec l'album Hail To The Thief que la formation d'Oxford retrouva le chemin des guitares et revint à des chansons plus conventionnelles dans l'approche. Et ce fut au single tribal "There There" qu'échut la lourde tâche de satisfaire au mieux à la fois les fans de la période Kid A et à la fois les inconditionnels de la période OK Computer. La chanson s'en tira avec les honneurs et obtint l'assentiment de tous. Le titre peut également s'enorgueillir d'avoir fait l'objet de l'un des meilleurs et des plus intrigants clips de l'histoire du groupe.

9.Climbing Up The Walls (1997, OK Computer)
La chanson la plus effrayante jamais enregistrée par Radiohead, à n'en pas douter. L’atmosphère pesante et malsaine qui nimbe la chanson du début à la fin est facile à expliquer : le bon Thom Yorke voulait essayer de se mettre dans la peau d'un tueur en série afin d'en retranscrire les pensées et le dérèglement mental. C'est qu'il lui poussent des inspirations peu ordinaires dans le citron des fois à notre borgne ami. En tous cas le résultat s’avère terrifiant et effroyablement convaincant. Mention tout particulière au feulement de compétition de Yorke sur la fin du morceau. Glaçant.

10.Scatterbrain (2003, Hail To The Thief)
"Scatterbrain" est loin d'être l'une des chansons les plus connues du répertoire de Radiohead, loin d'être l'une des plus appréciées ; pourtant celle-ci a toujours fait partie de mes favorites du groupe. Allez savoir pourquoi, la faute peut-être à la ligne discrète du mellotron, qui vient se lover à merveille entre les mélodies de la guitare et du chant de Thom aux deux tiers du morceau. Peut-être aussi pour sa simplicité et son évidence mélodique tout simplement. Sa voluptueuse mélancolie. Qu'en sais-je? De toutes façons je fais tout qu'est ce que je veux. Et puis je vous conchie d'abord! Tous! Absolument!




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