10 Songs
David Bowie
1.Life On Mars? (1971, Hunky Dory)
Coupe mulet orange flamboyante, costume turquoise cintré, maquillage outrancier de Pierrot spatial ; le moins que l'on puisse dire, c'est que David Bowie ne se refusait aucune extravagance et passait difficilement inaperçu à chacune de ses métamorphoses. Le style adopté pour le clip de "Life On Mars?" n'échappe pas à ce constat. Quoi de plus normal qu'un look remarqué pour interpréter une chanson remarquable me direz-vous? Car "Life On Mars?" est bel et bien l'une des plus belles chansons des années 70 et est définitivement entrée au panthéon de la musique populaire anglo-saxonne. A tel point que celle-ci figure la plupart du temps en tête de tous les classements de fans ou de moins fans de l'olibrius. Force est de reconnaître qu'il est difficile de résister à cette somptueuse ballade racontant de manière singulière (et quelque peu maladroite, Bowie n'étant pas le plus grand parolier du monde, loin s'en faut) le désenchantement et le dégoût d'une jeune fille devant la dure réalité de la vie et de l'American Way Of Life. A y regarder de plus prés, la chanson représente même la quintessence du style Bowie, au moins durant sa première partie de carrière. On y retrouve ainsi tous les ingrédients qui firent le succès du chanteur dans les années 70 : un sens de la mélodie imparable, un chant particulier et très expressif ainsi qu'un goût prononcé pour le travestissement et l'androgynie (et pour le mauvais goût aussi, quelquefois).
2.Space Oddity (1969, Space Oddity)
David Bowie a très tôt fait preuve d'une affection particulière pour les thèmes de la science-fiction, de l'espace et des petits hommes verts. De nombreuses chansons de l'enrguméne furent ainsi l'objet de l'un de ces sujets en vogue à la fin des années soixante. C'est d'ailleurs grâce à l'un de ceux-ci, la conquête spatiale, que le jeune chanteur connut son premier succès populaire et commercial et fut mis définitivement en orbite. L'album Space Oddity ne fut pourtant pas le coup d'essai du bonhomme ; celui-ci avait déjà essayé en vain de se faire connaître avec l'ennuyeux album éponyme David Bowie en 1967, pourvu de compositions toutes plus faibles les unes que les autres. L'album suivant, Space Oddity, sortit en 1969. Même si ce dernier s'avére loin d'être inoubliable, il marqua néanmoins un net progrès dans le songwriting avec quelques réussites dans le genre de "Letter To Hermione". Mais ce fut évidemment l'épopée galactique du fameux Major Tom qui marqua les esprits. Outre ses qualités musicales intrinsèques, la chanson dut aussi son immense popularité au timing parfait de sa sortie ; l'année 69 correspondant en effet au mythique alunissage d'Armstrong et Aldrin, moment historique sur lequel la BBC décida de passer "Space Oddity", signalant ainsi au monde son existence et lui prodiguant une publicité énorme à peu de frais.
Starman se trouve calé à la quatriéme place de l'album glam-rock "Ziggy Stardust and The Spiders From Mars" faisant immédiatement suite au premier chef d'oeuvre de Bowie "Hunky Dory". Le concept de l'album est on ne peut plus original et audacieux, pour ne pas dire complètement fumeux. Jugez plutôt : "un messager humain d'une intelligence extraterrestre tente de transmettre à l'humanité, qui n'a plus que cinq années à vivre, un message de paix et d'amour, mais qui finit par être détruit par ses propres excès". Il n'y eut guère que le Tommy des Who pour proposer pire fadaise avec son histoire abracadabrantesque d'un garçon sourd, aveugle, muet, battu, maltraité, abusé sexuellement, qui devient champion du monde de flipper, recouvre ses sens, devient gourou pour finalement se faire haïr de tous ses adorateurs. Et si Ziggy Stardust n'atteint pas ce degré surhumain de débilité, les textes des chansons figurant sur l'album restent quand même encore une fois plutôt pauvres. Néanmoins, en dépit de cet écueil redondant dans l'oeuvre de Bowie, l'album se trouve nanti de nombreuses pépites, musicalement parlant. Starman est sans aucun doute la plus brillante de toutes et le point culminant d'un disque devenu au fil des années un autre grand classique estampillé David Bowie.
4.The Bewlay Brothers (1971, Hunky Dory)
Peut être pour s'assurer une certaine distance vis à vis du public et de la bulle illusoire du star-system, David Bowie changeait régulièrement de peau afin d'incarner différents personnages. Ainsi fût-il tour à tour Ziggy Stardust ; Aladdin Sane ; Haloween Jack ou encore The Thin White Duke. En définitive, Bowie étant assez rarement Bowie sur scène et livrait très peu d'informations le concernant. A ce titre "The Bewlay Brothers" représente sans doute l'une des chansons les plus personnelles du chanteur. Camouflée sous des paroles opaques et singuliéres, la ballade parle de l'intense relation que l'anglais entretenait avec son demi-frère Terry, dont l'aliénation mentale représentait l'un des plus grands traumatismes et l'une des plus grandes hantises de la vie de l'artiste.
La pochette de l'album The Man Who Sold The World sonne comme la première grande provocation de l'artiste. On peut ainsi y admirer un Bowie vêtu d'une robe avachi de manière pensive sur un boudoir, ce qui choqua beaucoup de monde à l'époque. Nettement orienté vers le rock voire le hard-rock, l'album fait la part belle aux guitares et aux ambiances lourdes. De ces effusions se détache assez nettement la chanson éponyme. Celle-ci fut inspirée à son auteur par un fait d'ailleurs assez étrange : tous les jours à la même heure, David Bowie recevait un appel de la part d'un mystérieux interlocuteur qui s'amusait à raccrocher dés que le chanteur décrochait. Plutôt que de faire porter le chapeau à un fan intrusif ou à un plaisantin zélé, celui-ci préféra opter pour l'option "tentatives désespérées de son défunt père pour le joindre de l'au-delà". Dans la foulée la chanteur écrivit la fameuse chanson. Merci la schnouf, donc.
6.Ashes To Ashes (1980, Scary Monsters)
"Ashes To Ashes" peut être considéré comme une suite directe de "Space Oddity" sorti plus d'une décennie plus tôt. C'est aussi un retour à une sensibilité plus pop pour le récent géniteur de "Low", "Heroes" et "Lodger". Servie par un gimmick de piano aussi déglingué qu’irrésistible, la chanson y dévoile une fois pour toutes la signification cachée des paroles de "Space Oddity". Déjà au moment de sa sortie, beaucoup de personnes avaient cru percevoir une allusion voilée à la consommation de drogue dans les péripéties du Major Tom. Bowie valide définitivement cette version des faits dans le refrain de "Ashes To Ashes" en avouant que le fameux astronaute était un junkie. Ainsi, si "Space Oddity" représente la découverte du monde merveilleux et artificiel des substances troubles ; "Ashes To Ashes" peut être perçu comme sa cruelle et douloureuse redescente.
7.Changes (1971, Hunky Dory)
Le ch-ch-ch-ch-changement ; peut être la plus puissante obsession de la carrière du chanteur tant celui-ci redoutait par dessus tout l'immobilisme et la répétition. Ce thème si cher aux yeux de l'auteur eût ainsi l'insigne honneur d'ouvrir ce que beaucoup de personnes considèrent comme LE chef d'oeuvre du céleste énergumène : Hunky Dory. Audace, brio, refrain inoubliable, mélodies à tiroir ; "Changes" donne le ton d'un album génial dans sa quasi-totalité ("Song For Bob Dylan" et "Eight Line Poem" étant les compositions les plus faibles). Avec "Life On Mars?", "Changes" est le deuxième classique absolu de Bowie fourni par le disque.
8.Velvet Goldmine (1975, Single)
"Velvet Goldmine" n'aurait jamais dû voir le jour. A l'origine la chanson fut enregistrée pour les besoins de Hunky Dory avant d'être mise à l'index de celui-ci. Un temps postulant pour une place sur son album suivant Ziggy Stardust, la chanson fut encore une fois mise de côté. Ce n'est qu'en 1975 que la chanson fut exhumée au moment de la re-sortie de "Space Oddity" en maxi-single au côtés notamment de "Changes". Bowie ne fut pas mis au courant de la publication de cet inédit et fut par conséquent très contrarié que sa maison de disque RCA ne lui demande pas son avis. Toujours est-il que la composition eût un gros succès auprès du public et reste encore à l'heure actuel un titre très populaire auprès des fans du chanteur.
9.Heroes (1977, Heroes)
Après s'être quasiment désintégré dans son addiction à la cocaïne et avoir dangereusement flirté avec l'imagerie du Nazisme qui semblait fasciner sa dernière métamorphose en date, l'anorexique et inquiétant Thin White Duke, David Bowie revint d'entre les morts pour ajouter une nouvelle pièce à son oeuvre éclectique. C'est dans la capitale allemande en compagnie du bidouilleur et ex-Roxy Music Brian Eno que le chanteur décida de mettre en oeuvre la deuxième pierre à l'édifice avant-gardiste de ce qu'on appellera sa "trilogie berlinoise". Excellent compromis entre l'expérimentation et la pop, "Heroes" est probablement la chanson la plus accessible de la période allemande du chanteur.
Assez peu connue, "Lady Grinning Soul" peut être considérée comme l'une des chansons les plus élégantes du répertoire de Bowie mais malheureusement aussi comme l'une de ses compositions les plus sous-estimées. Portée par le jeu de piano frémissant de Mike Garson ainsi que par une très belle mélodie, celle-ci contient également l'une des performances vocales les plus accomplies de la carrière du chanteur. Située en dernière position de l'album, la splendide ballade clôt de manière envoûtante et parfaite le successeur de Ziggy Stardust, Aladdin Sane, sorti quelques mois plus tard.
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