lundi 29 septembre 2014

SURF'S UP (1971)

Le coup de coeur

(1971)


Au risque de me faire agonir par d'aucuns, je dois bien avouer que je n'ai jamais vraiment compris tout le prestige et toute l'aura entourant la formation des Beach Boys. Je devrais pourtant, si l'on en juge par mes affections musicales. Mais j'ai eu beau écouter, bien attentivement, bien des fois, leurs disques considérés parmi les meilleurs, rien y fait : je trouve tout cela immensément surfait, gigantesquement exagéré. Le fameux Pet Sounds par exemple, j'en fais régulièrement des feux de joie le saviez vous ? Dés qu'un barbecue se profile j'en profite pour placer une ou deux de ces pochettes niaises dans la fournaise. Cela me coûte certes bonbon en pépettes, mais cela arde avantageusement mes viandes d'un supposément feu divin. Pareillement je me gausse, des Smile Sessions à tous propos. Ce disque mort né sensé enterrer toute concurrence, grenouille voulant devenir aussi grosse que le bœuf, explosé en pleine procédure. SPLAFF !!! Telles les prétentions musicales d'un Bouboule Wilson ayant perdu la boule.

Oh ! je vous vois venir d'ici, adorateurs des garçons de la plage, écumant derrière votre écran, surfant sur la vague de la haine. Vous me méprisez, réclamez ma peau, ma tête au bout d'une pique. Belliqueuse engeance ! Alors j'avoue, j’exagère un peu, vous lutine beaucoup. Nul feu de joie et nulles moqueries de ma part concernant vos idoles de vinyle. Je respecte. Ne comprends pas mais respecte néanmoins. D'ailleurs j'en aime aussi fiévreusement quelques unes, de ces chansons californiennes, au premier rang desquels l'on peut trouver "Good Vibrations" et "God Only Knows" par exemple. Voyez comme je fais des efforts pour ne pas trop vous bousculer.

Néanmoins, dans la terrible anormalité qui m’afflige, j'ai récemment trouvé deux raisons d’espérer votre indulgence, foules idolâtres : Sunflower et Surf's Up, sortis respectivement en 1970 et 1971. Car j'aime Sunflower et Surf's Up voyez vous, beaucoup j'aime même. Hasard ou coïncidence, il s'agit de deux albums sur lesquels Brian Wilson se retrouve en retrait, la faute à une vilaine dépression paranoïaque en partie due à son addiction à la fée multicolore LSD. Un mal pour un bien selon moi, car cela permit à d'autres de briller, d'autres sensibilités, notamment celles de ses frères Carl et Dennis, dont les talents de compositeurs s’affinèrent au point d'atteindre le savoir faire de Brian sur certaines chansons, tout en apportant une variété salutaire à la musique du groupe, par trop dépendante de l'inspiration de Brian par le passé.

Bien que les deux albums mériteraient une critique en bonne et due forme, c'est tout de même sur Surf's Up que je m'attarderai aujourd'hui, mon préféré. L'album se révèle court, comme tous les disques des Beach Boys vous me direz, et se découpe en dix plages. L'une des choses qui m'a le plus marqué en écoutant le disque, c'est la mise en retrait globale des chants très aigus, cette sorte de stridence qui est un peu la marque de fabrique des chansons de Brian, et dont la récurrence a souvent eu raison de mes nerfs sur les autres disques du groupe. 

Mis à part peut être la chanson centrale "Student Demonstration Time" qui est un ton au dessous des autres, toutes les chansons se révèlent de bonne voire très bonne facture. Carl Wilson tire particulièrement son épingle du jeu avec "Long Promised Road" mais surtout avec l’envoûtante "Feel Flows", dont la fluidité et la mélodie coulée viendront durablement s'insinuer dans les méandres de votre cortex aux côtés de l'autre grande chanson du disque, "Surf's Up", dont les bandes furent exhumées du fameux projet avorté Smile, et réinterprétées pour l'occasion par le même Carl. Que dire d'autre sur "Surf's Up" ? Grande chanson, tout simplement. Peut être la meilleure du groupe avec "Good Vibrations".

Des seconds couteaux, que l'on attendait pas à pareille fête, viennent également apporter leur écot à ce que l'on peut considérer comme le chant du cygne créatif de la formation américaine. Bruce Johnston dégaine la délicate ballade "Disney Girls", admirablement interprétée d'une voix de velours par ses soins, tandis que de son côté Al Jardine propose avec "Lookin At Tomorrow (A Welfare Song)" une complainte acoustique aussi brève qu'efficace. C'est Brian Wilson en personne qui vient clôturer l'oeuvre avec un triptyque repêché de feu son ciboulot formé par la sémillante "A Day In The Life Of A Tree", la somptueuse "Till I Die" et le gargantuesque "Surf's Up" donc. Un final d'une beauté incomparable qui vient définitivement sceller la période faste des Beach Boys. Car ensuite les surfers prendront le bouillon.

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